Galle

La galle est une maladie des plantes qui se manifeste par la formation de structures anormales, souvent appelées « tumeurs » ou « excroissances », sur les feuilles, les tiges, les racines ou les bourgeons. Ces formations, généralement causées par des insectes, des acariens, des champignons, des bactéries ou des virus, sont un phénomène complexe et fascinant, mais elles peuvent aussi être néfastes pour les cultures. Cet article se propose de vous fournir une vue d’ensemble complète des galles les plus courantes en France, en détaillant leur identification, leur biologie, leur cycle de reproduction, les conditions favorables à leur développement, les plantes hôtes, les dégâts qu’elles causent, ainsi que les méthodes prophylactiques et les solutions de lutte biologique disponibles.

Qu’est-ce qu’une galle ?

Les galles sont des excroissances anormales qui apparaissent sur diverses parties des plantes en réponse à une irritation ou à une infection causée par des agents externes. Ces structures peuvent varier en taille, en forme et en couleur, et se forment principalement sur les feuilles, les tiges, les racines ou les bourgeons des plantes. La formation de galles est souvent le résultat de la réaction de la plante à une attaque d’insectes, d’acariens, de champignons, de bactéries ou de virus. Ces agents pathogènes ou parasites déclenchent des modifications physiologiques dans les tissus végétaux, conduisant à la formation de galles.

Les Galles du Chêne

Identification et Description

Les galles du chêne sont parmi les plus courantes et les plus visibles dans les forêts et les jardins. Elles se présentent sous différentes formes, y compris des galles globulaires, en forme de coupole, ou encore en forme de disque. Elles peuvent être de couleur verte, rougeâtre, ou brunâtre selon leur stade de développement. Ces excroissances sont principalement causées par des guêpes cynipides, une famille d’insectes qui pondent leurs œufs à l’intérieur des tissus des chênes.

Origine et Biologie

Les guêpes cynipides responsables des galles du chêne sont principalement originaires d’Europe. Ces insectes possèdent un cycle de vie complexe comprenant des générations sexuées et parthénogénétiques (reproduction sans fécondation). La formation des galles est initiée lorsque la femelle dépose ses œufs à l’intérieur des tissus du chêne, généralement au printemps. Les larves émettent alors des substances chimiques qui perturbent la croissance normale des cellules de la plante, induisant ainsi la formation de galles protectrices.

Cycle de Reproduction

Le cycle de reproduction des guêpes cynipides implique deux générations par an : une génération sexuée qui émerge au printemps et une génération parthénogénétique en automne. Les adultes de la génération sexuée émergent des galles formées l’année précédente, s’accouplent, puis les femelles pondent leurs œufs sur les bourgeons du chêne. Ces œufs donnent naissance à des larves qui provoquent la formation de nouvelles galles.

Conditions Favorables au Développement

Les galles du chêne se développent principalement au printemps et en été, lorsque les températures sont douces et que les arbres sont en pleine croissance. Une humidité modérée et la présence de chênes sains favorisent également l’apparition de ces galles. Les arbres affaiblis par des stress environnementaux tels que la sécheresse ou des infestations d’autres parasites peuvent être plus susceptibles de développer des galles.

Plantes Hôtes

Les chênes (Quercus spp.) sont les hôtes exclusifs des guêpes cynipides responsables des galles du chêne. En France, les espèces les plus couramment affectées sont le chêne pédonculé (Quercus robur), le chêne sessile (Quercus petraea) et le chêne pubescent (Quercus pubescens).

Dégâts Causés aux Cultures

Bien que les galles du chêne soient rarement fatales pour les arbres, elles peuvent causer des déformations esthétiques et une diminution de la vigueur de l’arbre, surtout en cas d’infestations massives. Les galles peuvent réduire la photosynthèse en altérant la surface des feuilles, ce qui peut affecter la croissance globale de l’arbre.

Mesures Prophylactiques et Lutte Biologique

La prévention des galles du chêne repose principalement sur la gestion de la santé générale de l’arbre. Maintenir un bon équilibre hydrique, éviter les blessures mécaniques et limiter le stress environnemental peuvent réduire la susceptibilité à l’infestation. En ce qui concerne la lutte biologique, les prédateurs naturels des guêpes cynipides, tels que certaines espèces de parasitoïdes, peuvent être introduits pour contrôler les populations de ces guêpes.

Le Bédégar ou Galle Chevelue sur les Rosiers et Églantiers

Identification et Description

Le bédégar, également connu sous le nom de galle chevelue, est une excroissance touffue et dense qui apparaît sur les tiges des rosiers et des églantiers. Cette galle est souvent rougeâtre à brunâtre, avec une apparence poilue due aux filaments qui recouvrent sa surface. Elle est causée par une petite guêpe cynipide, Diplolepis rosae.

Origine et Biologie

Le bédégar est causé par Diplolepis rosae, une guêpe native d’Europe. Cet insecte pond ses œufs dans les jeunes pousses des rosiers et églantiers au printemps. Les larves qui éclosent émettent des substances chimiques qui incitent la plante à produire les structures caractéristiques du bédégar, offrant ainsi un abri et de la nourriture aux larves.

Cycle de Reproduction

La guêpe Diplolepis rosae suit un cycle de reproduction annuel. Les adultes émergent des galles au début de l’été, s’accouplent, et les femelles pondent leurs œufs sur les jeunes pousses des rosiers. Les larves se développent à l’intérieur des galles pendant plusieurs mois, se nymphosant à l’intérieur avant d’émerger comme adultes l’année suivante.

Conditions Favorables au Développement

Le développement des bédégars est favorisé par des conditions printanières douces et humides, lorsque les jeunes pousses des rosiers et églantiers sont en pleine croissance. Les plantes en bonne santé sont plus résistantes, mais les jeunes pousses tendres sont particulièrement vulnérables.

Plantes Hôtes

Le bédégar affecte principalement les rosiers (Rosa spp.) et les églantiers (Rosa canina), qui sont les hôtes exclusifs de Diplolepis rosae.

Dégâts Causés aux Cultures

Bien que le bédégar ne tue pas les rosiers ou les églantiers, il peut affaiblir les plantes en détournant les ressources nécessaires à leur croissance. La présence de galles sur les tiges peut également réduire la production de fleurs et affecter l’esthétique de la plante.

Mesures Prophylactiques et Lutte Biologique

Pour prévenir le bédégar, il est essentiel de maintenir une bonne santé des rosiers par une taille régulière et l’élimination des pousses infestées. Les prédateurs naturels, tels que certaines espèces de parasitoïdes qui attaquent les larves de Diplolepis rosae, peuvent également être encouragés ou introduits pour réduire les populations de cette guêpe.

La Galle Cornue du Tilleul

Identification et Description

La galle cornue du tilleul est une petite excroissance en forme de corne qui apparaît principalement sur les feuilles de tilleul. Elle est de couleur verte au début, mais peut devenir rougeâtre ou brune à mesure qu’elle mûrit. Cette galle est causée par un acarien, Eriophyes tiliae.

Origine et Biologie

Eriophyes tiliae est un acarien microscopique originaire d’Europe, qui vit à l’intérieur des galles qu’il provoque. Ces acariens pénètrent dans les bourgeons au début du printemps et se nourrissent des cellules de la feuille, ce qui induit la formation des galles.

Cycle de Reproduction

Les acariens Eriophyes tiliae passent l’hiver sous forme d’adultes dans les crevasses de l’écorce des tilleuls. Au printemps, ils migrent vers les bourgeons en développement où ils pondent leurs œufs. Les jeunes acariens éclosent et commencent à se nourrir des feuilles, provoquant la formation des galles.

Conditions Favorables au Développement

Les galles cornues du tilleul se développent principalement au printemps, lorsque les températures sont modérées et que les bourgeons commencent à éclore. Les arbres en bonne santé peuvent tolérer une légère infestation, mais les arbres stressés ou affaiblis peuvent être plus gravement affectés.

Plantes Hôtes

Le tilleul (Tilia spp.) est l’hôte principal de Eriophyes tiliae. En France, les espèces les plus fréquemment touchées sont le tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos) et le tilleul commun (Tilia × europaea).

Dégâts Causés aux Cultures

Les galles cornues du tilleul sont généralement considérées comme un problème esthétique plutôt que comme une menace sérieuse pour la santé de l’arbre. Cependant, une infestation sévère peut réduire la surface foliaire disponible pour la photosynthèse, ce qui peut affaiblir l’arbre sur le long terme.

Mesures Prophylactiques et Lutte Biologique

La prévention des galles cornues du tilleul repose principalement sur le maintien de la santé générale de l’arbre. Les acariens prédateurs, tels que Amblyseius spp., peuvent être utilisés pour contrôler les populations d’Eriophyes tiliae. Une taille régulière pour éliminer les parties infestées peut également réduire l’incidence des galles.

La Galle-Ananas

Identification et Description

La galle-ananas est une excroissance en forme de cône ou d’ananas qui se développe sur les pousses de l’épinette. Cette galle est de couleur verte au début, mais devient brun rougeâtre en vieillissant. Elle est causée par un petit insecte, le puceron des galles de l’épinette (Adelges abietis).

Origine et Biologie

Le puceron des galles de l’épinette est un insecte européen qui attaque principalement les épinettes. Cet insecte pond ses œufs dans les pousses en développement au printemps. Les larves qui éclosent se nourrissent des tissus de la plante, ce qui entraîne la formation des galles caractéristiques.

Cycle de Reproduction

Le cycle de reproduction du puceron des galles de l’épinette comprend plusieurs générations par an. Les adultes émergent des galles à la fin de l’été, se dispersent pour trouver de nouveaux hôtes, puis pondent leurs œufs sur les aiguilles des épinettes. Les larves passent l’hiver dans les bourgeons et recommencent le cycle au printemps suivant.

Conditions Favorables au Développement

La galle-ananas se développe principalement sur les épinettes au printemps et en été, lorsque les pousses sont en pleine croissance. Les conditions de température modérée et une humidité élevée favorisent le développement de ces galles.

Plantes Hôtes

Les épinettes (Picea spp.) sont les hôtes principaux du puceron des galles de l’épinette. En France, l’épinette de Sitka (Picea sitchensis) et l’épinette de Norvège (Picea abies) sont particulièrement affectées.

Dégâts Causés aux Cultures

La galle-ananas peut affaiblir les jeunes épinettes en réduisant leur croissance. Les aiguilles et les pousses affectées peuvent se déformer ou mourir, ce qui peut avoir un impact sur la forme et la vitalité de l’arbre.

Mesures Prophylactiques et Lutte Biologique

Pour prévenir l’apparition de la galle-ananas, il est important de surveiller régulièrement les épinettes et d’éliminer les parties infestées. La lutte biologique peut inclure l’introduction de prédateurs naturels du puceron des galles de l’épinette, tels que les coccinelles et les chrysopes, qui se nourrissent des pucerons.

Autres Galles Fréquentes en France

Galle du Peuplier

La galle du peuplier est souvent causée par le puceron du peuplier (Pemphigus spirothecae). Elle se manifeste sous la forme de renflements sur les tiges et les feuilles des peupliers. Ces galles peuvent affaiblir l’arbre en limitant la photosynthèse et la circulation de la sève.

Galle de la Feuille du Noisetier

La galle de la feuille du noisetier est causée par un acarien, Phytoptus avellanae. Ces galles apparaissent comme des cloques sur les feuilles du noisetier, ce qui peut entraîner une déformation des feuilles et une réduction de la surface foliaire.

Galle de la Racine du Groseillier

La galle de la racine du groseillier est provoquée par le nématode Ditylenchus dipsaci. Elle se manifeste par un gonflement des racines, ce qui peut gravement affecter la croissance de l’arbuste en perturbant l’absorption de l’eau et des nutriments.

Conclusion

Les galles représentent un ensemble de maladies complexes affectant une large gamme de plantes en France. Comprendre leur origine, leur biologie, et leur cycle de vie est essentiel pour mettre en place des stratégies de gestion efficaces. Bien que certaines galles soient principalement un problème esthétique, d’autres peuvent avoir un impact plus significatif sur la santé des plantes. La mise en œuvre de mesures prophylactiques et de solutions de lutte biologique adaptées permet de protéger les cultures tout en favorisant un écosystème équilibré. Pour les jardiniers et les agriculteurs, il est essentiel de surveiller régulièrement les signes d’infestation et de réagir rapidement pour minimiser les dégâts.